Historique de l'IBPC

Les fondateurs

Edmond de Rothschild (1845-1934)

En 1921, il crée la 1° Fondation Edmond de Rothschild pour le développement de la recherche scientifique. Ami de Jean Perrin, il crée en 1927 une seconde fondation destinée à financer la construction du bâtiment de l'IBPC, inauguré en 1930. Par la suite, les deux fondations fusionnent.

Jean Perrin (1870-1942)

Physicien normalien (1891 s), professeur de chimie physique à la faculté des sciences de Paris à partir de 1910, élu à l'Académie des sciences en 1923, il reçoit le prix Nobel de physique en 1926. Dès avril 1927, il préside la Commission permanente de l'IBPC, chargé de la physique. Il succède à Irène Joliot-Curie au sous-secrétariat d'État à la recherche scientifique (1936), crée le Palais de la découverte (1937) puis le CNRS (1939).

Germain Debré (1890-1948)

C'est à Germain Debré qu'est confiée la conception architecturale de l'IBPC, en collaboration avec Nicolas Kristy (1885-?) pour les dessins d'exécution. À sa création, l'immeuble est organisé en deux bâtiments séparés, réunis par une passerelle fermée et couverte.

Georges Urbain (1872-1938)

Spécialiste des terres rares, il est parvenu en 1907 à isoler un élément qu'il nomme lutécium. De 1912 à 1939, il est nominé 56 fois pour le prix Nobel de chimie. Il entre à l'Académie des Sciences en 1921. De 1928 à 1938, il dirige le service de chimie de l'IBPC et l'Institut de chimie appliquée ('Institut de chimie' de Paris à partir de 1930).

André Mayer (1875-1956)

Il dirige le service de physiologie de l'IBPC dès sa création, après avoir enseigné à l'université de Strasbourg puis au Collège de France (chaire de médecine expérimentale). Au retour de son exil américain au service de la France libre, il deviendra le premier président de la Food and Agriculture Organization (FAO) au sein de l'ONU. En 1950, il est élu à l'Académie des Sciences.

Pierre Girard (1879-1958)

Chimiste, il devient le premier administrateur de l'IBPC, de sa création à son propre décès, soit durant près de 30 ans. Par deux fois durant la Seconde Guerre mondiale, il parvient à refuser la réquisition de l'IBPC ordonnée par les autorités d'occupation.

Coût de la construction de l’IBPC de 1927 à 1930 : 6 millions de francs (3,3 millions d’euros 2009). Ils ont été directement financés par le baron Edmond James de Rothschild.

À la tête de l’IBPC, quatre éminents savants (surnommés les Tétrarques) : Jean Perrin, Georges Urbain, André Mayer, Pierre Girard. Lors de son inauguration le 22 décembre 1930, l’Institut de Biologie Physico-Chimique est salué comme l’institut scientifique le plus moderne de France.

Alors que jusque-là, les disciplines scientifiques étaient bien distinctes, l’IBPC est un lieu de liberté, d’échanges, où l’accent est mis sur la recherche collective, contrastant avec la pratique mandarinale de la chaire.

Dans l’esprit des Tétrarques, l’IBPC doit servir de banc d’essai à une réforme globale de la recherche publique française.

Jean Perrin disait en 1930 : « mon objectif reste qu’un savant puisse faire carrière complète dans la recherche, sans autre obligation ».

Contexte

À la suite de la Première Guerre mondiale, la recherche scientifique en France est en déclin. Cela est dû à un manque de financement de l’Etat français, mais également à un enfermement dans des carcans disciplinaires.

De nombreuses fondations, ayant pour but de financer la recherche par des dons privés, voient alors le jour.

C’est dans ces circonstances qu’en 1927, l’Institut de Biologie Physico-Chimique est fondé.


Il y a au moins trois cas où la création d’une institution de recherche est nécessaire : celui où cette institution doit être le refuge de la liberté de recherche quand celle-ci est menacée par un conformisme imposé. C’est ainsi qu’est né le Collège de France. Le second est celui où, de toute évidence, il faut que sous un même toit s’abritent des hommes voués à la pratique, aux applications des sciences, et ceux qui cultivent ces sciences elles-mêmes. C’est ainsi que Pasteur a imaginé, réalisé son Institut. Le troisième cas est celui où il est nécessaire de faire vivre et travailler côte à côte des chercheurs de différentes disciplines pour traiter des problèmes qui sont aux frontières communes de ces disciplines. C’est ce qu’a voulu faire le Baron Edmond de Rothschild en fondant cet Institut.

Pierre Girard

Pendant la guerre

Durant la Seconde Guerre mondiale, treize  chercheurs de l’IBPC mobilisables sont affectés à des laboratoires travaillant pour la Défense nationale.

Sous l’Occupation, l’IBPC se réoriente vers la recherche appliquée : mise au point d’un vaccin contre le typhus et amélioration du rendement de la préparation d’insuline à partir de pancréas.

Le 22 juin 1942, Pierre Girard reçoit un ordre de réquisition des bâtiments de l’IBPC au profit de la fondation Carrel, fondation qui était très proche du régime de Vichy. Mais il refuse.

En quelques années, plusieurs grands organismes publics de recherche sont apparus dans la foulée du CNRS : l’Institut national d’hygiène – ancêtre de l’Inserm – en 1941, le Commissariat à l’énergie atomique en 1945 et l’Institut national de la recherche agronomique en 1946. Tous emploient des chercheurs à temps plein. Tous mènent des travaux relevant d’une approche physico-chimique du vivant. Le modèle que proposait l’IBPC dans les années 1930 triomphe.

Francis Perrin, président de la Fondation Rothschild de 1955 à 1975​

Après la guerre

   

Au sortir de la guerre, les principaux fondateurs de l’IBPC sont morts ou ont démissionné. Ne reste que Pierre Girard en qualité d’administrateur. Il recrutera de nouvelles têtes et recentrera les recherches de l’IBPC sur la biologie comme à sa création. Il s’en suit une série de recherches et de découvertes importantes en biologie et biochimie, notamment l’élucidation du code génétique, achevée en 1966.

© Archives IBPC

Rénovation de l'IBPC

Dès 1959, la DGRST participe à la rénovation des bâtiments de l’IBPC et finance la construction d’équipements biophysiques de pointe.

En 1960, l’IBPC s’agrandit en ouvrant deux instituts du CNRS à Gif-sur-Yvette, en banlieue parisienne.

Ci-contre, les travaux d’agrandissement débutés en 1985.

© M. Tortyna

À partir des années 1940, puis progressivement jusqu’en 1978, les chercheurs de l’IBPC sont payés par le CNRS, la fondation Edmond de Rothschild ne pouvant porter seule le développement nécessaire à l’IBPC.

Traversant plus de trois quarts de siècle, l’histoire de l’IBPC est marquée par une grande continuité. Les approches et les méthodes d’étude changent, les thématiques demeurent.

Depuis 1997, le CNRS est en charge de la responsabilité administrative et scientifique de l’Institut de Biologie Physico-Chimique.


L’idée de rapprocher biologistes et physico-chimistes était neuve il y a un demi-siècle. Elle est maintenant communément répandue, beaucoup plus communément même que sa mise en œuvre. Au-delà des intentions et des déclarations, la pluridisciplinarité ne produit des fruits que si le mariage entre disciplines est effectivement consommé. Si nous avons la faiblesse de penser que, dans cet Institut, le mariage a été fécond, nous pouvons aussi affirmer sans aucune gêne qu’il a été heureux.